La Société Civile de Moyens (SCM) est une forme juridique particulièrement prisée par les professions libérales pour mutualiser les frais et optimiser la gestion de leur activité. Cette structure présente des avantages fiscaux non négligeables, mais aussi des obligations spécifiques à respecter. Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon complet du régime fiscal applicable aux SCM, ainsi que des conseils pratiques pour en tirer le meilleur parti.
Principe et fonctionnement d’une SCM
Une SCM est une société civile constituée entre plusieurs membres exerçant une profession libérale, dans l’objectif de mettre en commun certains moyens matériels ou humains. Il peut s’agir par exemple de partager des locaux, du matériel ou encore du personnel administratif. Les associés d’une SCM restent néanmoins indépendants dans l’exercice de leur profession et conservent leur propre clientèle.
La principale caractéristique d’une SCM est qu’elle n’a pas pour objet la réalisation d’un bénéfice commun. Elle se contente de répartir les charges entre ses membres, en fonction des quotes-parts prévues dans le contrat de société. Les bénéfices demeurent quant à eux la propriété exclusive de chaque associé.
Régime fiscal d’une SCM
Le régime fiscal applicable aux SCM est défini par l’article 238 bis L du Code général des impôts. Selon cet article, les SCM sont soumises à l’impôt sur les sociétés (IS) pour la partie de leurs résultats correspondant aux recettes accessoires provenant notamment de la location de matériel ou d’installations à des tiers. En revanche, elles bénéficient d’une exonération totale d’IS sur la part de leurs résultats correspondant aux charges refacturées aux associés.
Cette exonération est toutefois subordonnée au respect de certaines conditions, parmi lesquelles :
- La SCM doit être constituée exclusivement entre membres d’une même profession libérale réglementée.
- Les prestations fournies par la SCM doivent être directement liées à l’exercice de la profession de ses membres.
- Les recettes accessoires ne doivent pas excéder un certain seuil, fixé actuellement à 10% du chiffre d’affaires total de la société.
Ainsi, une SCM peut opter pour le régime fiscal des sociétés de personnes et échapper ainsi à l’imposition au niveau de la société. Les résultats seront alors directement imposés entre les mains des associés, selon leur quote-part respective et en fonction de leur régime fiscal personnel (impôt sur le revenu dans la catégorie des bénéfices non commerciaux).
Obligations fiscales et comptables
Une SCM doit tenir une comptabilité régulière conformément aux dispositions du Plan comptable général. Elle doit également établir chaque année des comptes annuels comprenant un bilan, un compte de résultat et une annexe. Ces documents doivent être soumis à l’approbation des associés lors de l’assemblée générale ordinaire annuelle.
En outre, une SCM doit souscrire chaque année une déclaration de résultats (n° 2065-SD), ainsi qu’une déclaration spécifique (n° 2070) relative aux quotes-parts de charges refacturées aux associés. Ces déclarations doivent être déposées auprès du service des impôts dont dépend le siège social de la société, dans les trois mois suivant la clôture de l’exercice.
Enfin, les associés d’une SCM doivent mentionner sur leur propre déclaration d’impôt sur le revenu les charges qui leur ont été refacturées par la société. Il est important de veiller à respecter scrupuleusement ces obligations fiscales et comptables, sous peine de voir remise en cause l’exonération d’IS dont bénéficie normalement la SCM.
Avantages et inconvénients d’une SCM
L’un des principaux atouts d’une SCM réside dans sa transparence fiscale. En effet, l’exonération d’IS permet aux associés de ne pas subir une double imposition au niveau de la société et au niveau personnel. De plus, les charges refacturées par la SCM sont généralement déductibles des bénéfices imposables des associés, ce qui permet de réaliser des économies d’impôt.
Cependant, il convient également de prendre en compte certains inconvénients liés à cette structure. Notamment, les membres d’une SCM conservent leur responsabilité individuelle pour leurs actes professionnels, ce qui peut entraîner une moins grande protection par rapport à d’autres formes de sociétés. Par ailleurs, la constitution d’une SCM impose de respecter des formalités administratives et de tenir une comptabilité régulière, ce qui peut représenter une charge supplémentaire pour les associés.
Il est donc essentiel de peser soigneusement les avantages et les inconvénients d’une SCM avant de se lancer dans cette aventure. N’hésitez pas à vous faire accompagner par un avocat ou un expert-comptable pour mettre en place cette structure dans les meilleures conditions possibles et optimiser ainsi votre situation fiscale.
Le régime fiscal d’une Société Civile de Moyens (SCM) présente de nombreux avantages pour les professions libérales souhaitant mutualiser leurs moyens. Grâce à son exonération d’IS, cette structure permet une transparence fiscale appréciable et des économies d’impôt pour les associés. Toutefois, il convient de respecter scrupuleusement les obligations fiscales et comptables liées à cette forme juridique, sous peine de voir remise en cause ses bénéfices. Un accompagnement professionnel est donc souvent recommandé pour tirer le meilleur parti d’une SCM.